(Ap)prendre le temps
29/10/21
Programmes surchargés, rythme de l’enfant malmené, pression compétitive, sollicitations de plus en plus nombreuses… Depuis plusieurs années, le rythme professionnel des enseignants, et plus particulièrement des chefs d’établissement, s’est fortement accéléré. Les effets sur les personnes sont multiples (fatigue, épuisement professionnel, stress, agressivité), et les impacts sont forts, notamment sur le pilotage d’un établissement, le travail en équipe ou encore les relations avec les familles.
La crise sanitaire est venue renforcer la problématique du rapport au temps et le fonctionnement de la vie de l’établissement. Qu’est-ce qui est essentiel ? Quelle place redonner au temps et comment y parvenir ?
Le 25 octobre dernier, 120 chefs d’établissement de nos écoles ont ainsi réfléchi, personnellement et collectivement, à cette question du temps, lors d’un séminaire pour « S’arrêter, relire, relier, rebondir ».
Avec l’accélération technologique et la multiplication des communications, beaucoup d’entre nous peuvent ressentir une forme de saturation temporelle. Gilles VERNET, ancien trader, enseignant et réalisateur a invité les chefs d’établissement à prendre le recul nécessaire pour faire face aux enjeux de ce monde où tout va plus vite.
Son film « Tout s’accélère » est marqué de paroles d’enfants et d’experts. A travers des extraits, M. VERNET explique qu’il est important de prendre le temps de comprendre les causes de ce phénomène et d’y apporter des pistes pour ralentir, déconnecter, déculpabiliser et revenir à l’essentiel.
« Le problème n’est pas la vitesse mais l’augmentation de la vitesse et le manque d’alternance. On n’a plus le temps de récupérer, de reprendre son souffle. » Cela peut-être une source de stress, de changer de rythme, de passer de la liberté de notre temps à un cadre plus strict. Pour illustrer ses propos, Gilles VERNET a proposé des exercices de méditation à son auditoire. Il est fondamental de déconnecter et renouer avec une saine alternance des rythmes individuels et collectifs.
« Si on ne sait plus pourquoi on fait les choses, si l’on n’éprouve pas de sentiment d’utilité, il y a de quoi s’effondrer ». On peut travailler différemment, et même beaucoup, dès lors qu’on le fait en étant connecté à soi-même. Derrière la question du temps se cache donc celle du sens.
M. VERNET a mis en avant les éléments déclencheurs à ses réflexions, à la fois intimes et universelles, sur le temps et la mort. Confronté au décès de sa mère, il a rompu avec le rythme effréné de la finance pour prendre son temps, prendre le temps. Le temps pour expliquer, s’interroger, respirer, vivre, entretenir le lien humain et aimer.
L’après-midi a été ponctué par des ateliers autour de la relation : mieux se connaître pour agir, piloter et animer son équipe, relation à l’environnement et à Dieu. 10 ateliers ont ainsi été proposés aux chefs d’établissement comme de la sophrologie, de la thérapie Vittoz, du Tai-chi-chuan, la gestion des outils et du temps, la découverte des compétences psycho-sociales ou encore savoir s’affirmer en conjuguant son rôle institutionnel avec sa personne.
Cette journée aura permis aux 120 chefs d’établissement présent d’exercer plus sereinement leur mission, de faciliter le pilotage de leur établissement et de vivre des relations de qualité. Nous espérons qu’ils auront profité de ce séminaire pour écouter leur petite voix intérieure, suivre leurs envies profondes et reprendre leur souffle.