Enseigner aujourd’hui #1
20/10/22
Elles s’appellent Mathilde, Julie, Aurélie et Adeline, quatre professeurs des écoles. Sensibles aux innovations pédagogiques, elles ont été amenées à repenser leur organisation et leurs pratiques en ouvrant leurs classes.
Enseigner, c’est bien sûr apprendre aux élèves à lire, écrire et compter. C’est aussi les accompagner et éveiller en eux l’intérêt pour le monde qui les entoure. Encore plus aujourd’hui, l’Ecole met non seulement l’accent sur la maîtrise de connaissances mais aussi sur les compétences. Passionnant et exigeant, le métier d’enseignant nécessite donc une capacité permanente à se renouveler et à s’adapter.
Alors qu’est-ce qu’enseigner aujourd’hui ? Cette année, la Direction de l’Enseignement catholique de Vendée vous présente 5 initiatives d’enseignants qui, à un moment donné de leur carrière, ont décidé de faire autrement. Des personnes qui ont fait un pas de côté, en se réinventant.
Classes ouvertes et autonomie des élèves
A l’école Claire et François d’Assise de Chavagnes les Redoux, le projet de « classes ouvertes » a vu le jour en 2017. Mathilde FOUREL enseigne aux PS/MS et CM1/CM2. Julie CHALHOUB elle, aux GS/CP et CE1/CE2. Les GS sont les premiers à avoir expérimenté ce dispositif quand, par la contrainte des effectifs, ils sont passés avec les cycles 2 (CP/CE1/CE2). Les GS effectuent une partie de leur travail en ateliers autonomes avec Julie, puis rejoignent les PS/MS avec Mathilde, pour les temps de rituels et de motricité.
Les deux enseignantes ont profité de la période de la pandémie pour faire progresser à leur rythme en autonomie chaque élève, de la PS au CM2. Mathilde et Julie ont créé un emploi du temps permettant à une enseignante de travailler avec un groupe de niveau (dictée, calcul mental, manipulation, langage…) pendant que sa collègue gère le reste des élèves en autonomie, avec l’aide de l’ASEM.
Chacune possède un plan de travail à la période reprenant les notions travaillées. Les élèves du CE1 au CM2 travaillent donc en ateliers de manipulation et sont ensuite testés sur la notion pour définir quel parcours ils vont suivre. En maternelle, les enfants réalisent des ateliers autonomes à leur rythme. Lors des temps d’ateliers autonomes, les élèves peuvent s’installer où ils le souhaitent entre 4 salles supervisées par un adulte.
Les élèves font preuve d’une grande autonomie et d’organisation. Ils apprennent à trouver des solutions seuls, à plusieurs ou sollicitent l’enseignante disponible. Ce travail individualisé permet aussi d’être au plus près des besoins des élèves et d’apporter une aide quasiment immédiate.
Pour Mathilde et Julie, c’est un énorme gain de temps dans le suivi des élèves, notamment quand ils quittent leur classe. Ce projet apporte aussi un encore plus grand travail d’équipe dans l’harmonisation de leurs outils afin que tous aient les mêmes repères.
Ce dispositif peut présenter certaines limites. Le temps des enseignantes n’est pas extensible. Cela peut parfois être déstabilisant de faire face à autant de rythmes qu’il y a d’élèves. A Chavagnes les Redoux, à chaque rentrée scolaire, suivant les effectifs par niveau, les enseignantes doivent se réajuster.
La fusion évidente de deux classes
Aurélie VIOLLIER-PERROT et Adeline DA CRUZ travaillent ensemble depuis maintenant 15 ans, à l’école Sacré-Cœur de La Genétouze. Dès le départ, elles avaient pris l’habitude de travailler ensemble et de proposer des projets communs à leurs élèves. Leurs classes se ressemblant tellement, elles ont décidé de les fusionner en 2014, ce qui a permis de libérer leurs pratiques.
Leurs deux classes de maternelle (PS/MS et PS/MS/GS) forment une seule et même grande salle où circulent librement les élèves, avec différents pôles d’apprentissages bien précis (français, vie pratique, anglais, arts, mathématiques, culture, sciences, vie sensorielle, motricité et éveil à la foi). Attachées aux différentes périodes sensibles des enfants, certains apprentissages peuvent débuter très tôt, en cycle 1 pour certains élèves, avec la lecture ou les premiers calculs.
Aurélie et Adeline favorisent des activités structurées qui vont permettre à l’enfant de perfectionner ses potentialités motrices, intellectuelles et psychiques. Les enfants sont libres de choisir leur activité, de bouger, de respecter les autres et le matériel, d’observer, d’apprendre ou encore d’aider.
Elles ne reviendraient en arrière pour rien au monde. Être à deux pour travailler est aussi motivant et stimulant. Les deux enseignantes favorisent le vivre ensemble, l’autonomie, l’apprentissage par le jeu et la manipulation, le respect du rythme de chaque enfant, la différenciation, l’entraide et l’émulation, la bienveillance… afin que chacun grandisse, apprenne et s’épanouisse dans un cadre serein et joyeux.
Leur classe est en perpétuelle évolution pour être au plus près des besoins des élèves. Elles créent sans cesse de nouvelles activités, de nouveaux supports et de nouveaux projets.
Après quelques années, elles ont ressenti le besoin de partager l’évolution de leur pédagogie et ont pour cela écrit un ouvrage, enregistré un podcast, ouvert les portes de leur classe à d’autres enseignants et participé à des formations.
Une classe ouverte, ça change quoi finalement ?
Le fonctionnement en « classes ouvertes » permet aux enseignants une conduite collective de classe et favorise l’autonomie de l’enfant. Les enfants se déplacent librement dans les espaces mis à leur disposition. C’est en proposant de nombreux choix d’activités aux élèves que l’adulte va pouvoir lâcher prise sur le groupe, se décentrer et se rendre plus disponible pour un enfant en particulier.
La mise en place d’espaces dédiés et d’objectifs définis précisément, permet aux enfants une entrée dans les activités d’apprentissage choisie et un ressenti de la contrainte très allégé. Puisque les enfants changent d’activité à leur gré, chacun se retrouve fréquemment avec des camarades différents et dans des activités diverses. Cette diversité permet de développer davantage de situations de communication et d’interactions entre pairs menant ainsi à un enrichissement des compétences langagières. Ce projet permet à chaque enfant de trouver son épanouissement dans les apprentissages proposés et est plus à même de maîtriser les attendus en fin d’année.